Les Blue Jays de 1992 : à jamais les meilleurs

Actualité, Brins d'histoire

Sébastien Tabary

Publié le 18 novembre 2022 à 15h00

J’ai l’impression que depuis plusieurs années et depuis l’émergence des réseaux sociaux, on voit toujours les Blue Jays plus forts et plus beaux qu’ils ne sont en réalité. J’aurais envie d’appeler cela le « syndrome du CH ». Est-ce le patriotisme qui rend aveugle ou bien juste notre « supportérisme » qui nous pousse à y croire un peu plus qu’il ne faut? Nul ne sait vraiment. Juste que moi, ces Blue Jays là, ces Blue Jays 2.0, ne me font pas plus tripper que cela.

Je vais encore passer pour le grand méchant, mais ce qui doit être dit sera dit. Les Blue Jays de 2022 n’avaient aucune chance de gagner, ceux des saisons précédentes non plus.

En fait, c’est simple : pour trouver la meilleure équipe des Blue Jays, la plus complète et la plus réfléchie jamais montée, il faut remonter dans le temps et s’arrêter en 1992.

Dernier grand frisson : le bat flip de Jose Bautista

Pour les plus jeunes d’entre vous, le passé ne veut pas dire grand chose. Pour vous, les Blue Jays, c’est cette équipe bourrée de talent, mais mal utilisé, qui aime nous décevoir lorsqu’il faut montrer au monde entier qu’on en a dans le boxer. L’illusion de 2015 en est un bel exemple. Cette année-là, les Blue Jays arrivent à se défaire des Rangers du Texas après une série épique où le bien aimé / mal aimé Jose Bautista réalise l’un des plus beaux bat flip de tous les temps.

C’était génial, excitant, intense et incroyable à vivre en live. Mais derrière, plus rien. Au lieu d’exploiter le momentum pour aller encore plus haut, les Blue Jays se font gifler par les Royals de Kansas City (4-2) et rentrent à la maison la queue entre les jambes.

La faute à qui, à quoi? Des lanceurs trop prévisibles et incapables d’élever leur niveau de jeu quand il le fallait : R.A. Dickey, David Price et Marco Estrada pas impressionnants du tout, Roberto Osuna minable. Un personnel de lanceurs généreux avec les frappeurs adverses (6.53 de MPM dans cette série). D’ailleurs, à ce sujet, la série face aux Rangers faisait office d’avertissement. Énorme déception pour le peuple bleu et blanc.

Mais bon, le bat flip de Joey Bats, c’était quelque chose, et c’est d’ailleurs la dernière fois où j’ai vraiment bondi de mon siège et vibré pour cette équipe. Ça commence à faire long.

2022, bien sur le papier, limite dans l’absolu

Je ne reviendrais pas en long en large et en travers sur la saison 2022 des Blue Jays. Tout ce que je peux vous dire, c’est que dès le départ, je savais – et vous le saviez aussi – que cela n’allait pas suffire. On le sait depuis le début : les Jays ont besoin de renfort sur la butte et plus particulièrement dans l’enclos.

Au lieu de ça, on ajoute des frappeurs (Merrifield, Zimmer, Bradley Jr.) qui ont pour ainsi dire regardé la série sur le banc et vu une nouvelle fois partants et releveurs saboter tout espoir d’une seule et même nation. La sortie prématurée de Gausman reste toujours incompréhensible, la non-rentrée de JBJ en fin de match aussi l’est pour moi : tu te payes un joueur excellent en défense, il te faut l’utiliser en fin de match quand ça devient tendu.

Jacky Bradley Jr. aurait peut-être eu plus de chance d’attraper la balle frappée par J.P. Crawford qu’un George Springer diminué, qui sait …

Revoyons la vidéo, juste pour se faire mal.

Bref un moment, les Vladimir Guerrero Jr., Bo Bichette, Teoscar Hernandez, Lourdes Gurriel Jr. et autres Alejandro Kirk, ça ne suffit pas. Et ça ne suffira pas plus en 2023.

J’ajouterais un petit mot sur Alek Manoah, qu’on encense déjà un peu trop à mon goût. Certes, le mec est bon, il a une grande gueule, il a du tempérament et du potentiel, mais il devrait justement l’ouvrir un peu moins s’il ne veut pas connaitre une carrière à la Marcus Stroman, à qui il me fait fortement penser.

1992, le meilleur groupe jamais bâti

Pour ceux qui ont deux, voire trois décennies de plus, l’édition 1992 des Blue Jays, ils le savent, était montée à la perfection et avec la précision d’un horloger suisse. À l’époque où il n’était pas simple de s’extraire de sa division (il n’y en avait que deux à l’époque, Est et Ouest, et aucune wild card), les Blue Jays de Cito Gaston avaient empoché 96 victoires et attiré plus de quatre millions de spectateurs au Skydome.

Si les noms paraissent moins « bling bling » que ceux de nos jours, l’effectif était bâti pour gagner. Devon White, Roberto Alomar, Joe Carter, Dave Winfield, John Olerud, Candy Maldonado, Kelly Gruber, Pat Borders et Manny Lee. Un effectif qui comme ça, ne parait pas flamboyant, mais un groupe complémentaire. Pour chaque lacune de l’un d’entre eux, un autre avait ses forces pour compenser.

Sur la butte, Jack Morris, Jimmy Key, Juan Guzman, Todd Stottlemye, David Wells, David Cone et Dave Stieb pour ce qui est des partants. Pat Hentgen, Duane Ward, Mike Timlin et Ton Henke pour la relève. Un groupe d’artilleurs qui n’a quasiment rien concédé aux frappeurs adverses au mois d’octobre (3.44 de MPM contre les A’s en ALCS et 2.78 contre les Braves en Série mondiale). Ça a tellement bien fonctionné en 1992 qu’en 1993 et après quelques ajustements, ils ont remis cela.

Quand j’entends ou je peux lire que les Blue Jays 2023 pourraient se payer Cody Bellinger, je me dis que la direction n’a rien compris. Ça fait des années qu’on pointe du doigt le secteur dans lequel l’équipe doit s’améliorer (l’enclos), et j’ai l’impression que rien ne bouge. Veulent-ils vraiment progresser et aller au bout?

Si oui, il faudrait grandement qu’ils s’inspirent de la version old school 1992 des Blue Jays, les plus beaux champions de l’histoire de la franchise.

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Blue Jays de Toronto

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